Après quatre années de violents combats, neuf millions de morts, dont 1,4 million de Français, ont laissé derrière eux 600 000 veuves et plus d’un million d’orphelins. Cent ans plus tard, les poilus ne sont plus parmi nous pour témoigner de cette page de notre his- toire. Trouver de nouvelles formes de transmission de cette mémoire était donc un défi. C’est pourquoi les commémorations doivent demeurer des temps de recueillement et de souvenir, mais être aussi des moments de réflexion et de partage. Laissons-nous le temps de méditer sur le message de paix adressé aux générations futures et rédigé le 17 juillet 1916 par six sol- dats allemands du 2 e Régiment allemand de réserve de Hussards cantonnés à la ferme de Fiquelmont à Thumeréville (Lorraine).
Karl WAHL de Leobschütz, Heinrich PESCHEL d’Elsterwer, Willy GISSEN de Crefeld, Caporal Franz D’Altenroda Bad Bibra, Hussard KRAHMER de Hambourg , Hussard GRÜNEWALD de Münster, les auteurs de l’appel de Ficquelmont.
« Aujourd’hui, 17 juillet 1916, nous partons. Pour une destination inconnue. Peut-être le monstre du militarisme a-t-il besoin de nourriture fraîche ? Nous devons quitter cette contrée que nous connaissons comme notre lointain pays natal. La guerre est un métier rudement dangereux, et les souffrances que les populations des territoires occupés ont dû supporter sont grandes, très grandes, elles sont nées d’une haine amère provoquée par les dirigeants, les puissants. Nous soldats, nous ne partageons pas ces idées. Nous avons la guerre en horreur et nous souhaitons la paix . Ce qui doit être le legs à nos petits enfants comme prix de cette lutte insensée et qui doit hanter les cœurs de ce monde, pour le pour et le contre, pour l’un comme pressentiment, pour l’autre comme réalité, comme bonheur et malheur. Utopie et possible Eden est une Europe Unie et l’amitié entre les peuples et l’accomplissement de l’expres- sion que nous sommes tous frères . Salut à toi, l’inconnu qui découvre ces lignes.»
Après le décès en 2008 de Lazare Ponticelli, dernier poilu ayant combattu sous les couleurs françaises au sein de la Légion Etrangère, il n’y plus de survivants. La mémoire a laissé pleinement la place à l’histoire. Cette commémoration n’est plus l’occa- sion d’un patriotisme exacerbé mais bien davantage d’un rassemblement des peuples des pays belligérants, alliés ou adversaires d’alors. Autour de l’inauguration, le 11 novembre prochain, la Ville de Saint-Cyr-l’Ecole a souhaité proposer un moment de par- tage, de recueillement et d’émotion à travers plusieurs événements. Entremêlant les générations, les associations, les enfants et les élus rendront hommage à ceux qui se sont battus et partageront leurs réflexions sur notre avenir commun. Projection de films, cérémonie commémorative et expositions émailleront ce parcours dédié à notre histoire.
Article publié le : 1 novembre 2018.
Mis à jour le 17 décembre 2018 à 9 h 17 min